Contexte
Selon le Code de l'environnement, est déchet "toute substance ou objet, ou plus généralement tout bien meuble, dont le détenteur se défait ou dont il a l'intention ou l'obligation de se défaire "
Déchet ne veut donc pas dire "dépourvu de valeur" ni "inapte à l’usage", et si le déchet est consubstantiel au vivant et que l’homme en a toujours produit, c’est la nature des déchets qui a changé.
A l’origine les déchets humains étaient essentiellement organiques. Il y eut ensuite des terres cuites, puis du verre, du papier et des chiffons …
Aujourd’hui nos ordures ménagères résiduelles (OMR = ce que l’on ne trie pas), sont faites de 30% de biodéchets et 51 % d’emballages dont 26% de plastique, 15% de papier, 4% métal. Le reste étant composé de journaux et de choses diverses non identifiées.
En 2013, les OMR étaient de 17,7 M de tonnes en France, comprenant 5,31 M de tonnes de biodéchets et 4,6 M de tonnes de plastique.
Un tiers de la matière plastique produite chaque année sert comme emballage pour le conditionnement, le transport et la protection des produits que nous consommons au quotidien. Par ailleurs, sur la totalité des produits en plastique mis sur le marché français la part de matières premières recyclées s'élève à 6% seulement, le reste provenant de ressources principalement fossiles (pétrole).
Fort de ces constats, on mesure combien les déchets, en sus de polluer en aval, sont problématiques pour nos ressources du fait même de leur existence.
Fort de ces constats, on mesure combien les déchets, en sus de polluer en aval, sont problématiques pour nos ressources du fait même de leur existence.
Lorsque l'on s'engage dans un projet de réduction de ses déchets, les 2 points de leviers les plus évidents sont donc les biodéchets et les emballages.
Ce que deviennent nos OMR
Les OMR sont principalement incinérées (I), ou enfouies en installation de stockage des déchets (II)
© ADEME |
I L'incinération
L’incinération passe - en italique car je n'adhère pas à cette interprétation - pour une option de revalorisation des déchets. En effet, le déchet devient ressource et il y a production de valeur : chaleur ou énergie.
L’incinération est un procédé permettant de réduire le volume brut des déchets de 90 % et se positionne aujourd'hui au second rang de production d’électricité à partir de source dite renouvelables après l’hydraulique, et au second rang de production de chaleur à partir de source renouvelable après le bois.
Les déchets de 10 familles pourrait donc fournir l’électricité nécessaire à 1 famille.
Les 129 incinérateurs français ont une capacité de 12 M tonnes / an et traitent 36% de la masse totale des déchets.
L’incinération se fait à 850° : virus, bactéries et microbes sont bien détruits.
Cependant lors de l'incinération, les fumées et poussières deviennent des REFIOM (résidus d'épuration des fumées d'incinération des ordures ménagères) c'est à dire la résultante de la neutralisation des gaz acides et polluants par des réactifs comme la chaux ou le bicarbonate de sodium. Les REFIOM doivent être neutralisés, lavés et filtrés car ils sont hautement toxiques.
En sus, à la sortie des fours, on obtient pour chaque tonne de déchets incinérée, 250 kg d'un résidu appelés machefer. Celui ci fut assez longtemps revalorisé en matériau pour la construction routière jusqu'à la mise en évidence de son caractère toxique. Le mâchefer est désormais entreposé en installation de stockage des déchets (ISD) de classe 1, soit en décharge pour "déchets industriels spéciaux" présentant un caractère dangereux avéré pour le milieu naturel ou les êtres vivants.
On incinère donc des ressources, pour obtenir plus de 1/4 de leur poids brut de résidus hautement toxiques que l'on est contraint d'enfouir, tout cela en faisant passer l'opération pour de la revalorisation ...
II L'enfouissement
Il existe 3 classes d’installation de stockage des déchets (ISD) en fonction de leur caractère banal ou dangereux.
Le stockage en ISD est une solution impasse que l’on réserve depuis 2002 aux seuls déchets ultimes, c’est à dire ceux qui ne peuvent être ni valorisés, ni recyclés, ni traités autrement dans les conditions techniques du moment.
244 ISD non dangereux sont encore en activité en France et 20 millions de tonnes de déchets y ont été déversés en 2010, dont 36 % d’OMR. Ceci s'explique par le coût de cette solution resté longtemps bien moindre que celui de la revalorisation.
Dans tous les cas, ces installations restent très techniques et très surveillées car les déchets enfouis produisent des lixiviats, jus de macération et du ruissellement des eaux - qui doivent être recueillis et traités - et du biogaz ( méthane, azote, gaz carbonique…) qui doit être capté puis drainé vers une torchère qui assure sa combustion afin de produire de l’électricité.
On imagine souvent la décharge comme un grand tas ou un trou profond mais ce n'est ni l'un ni l'autre !
L'installation se situe dans des sites géologiquement appropriés, c'est à dire c’est-à-dire dans des sous-sol à très faible perméabilité afin de limiter la percolation de liquide pollué vers les nappes phréatiques si la barrière active venait à être défaillante. Le site comprend un grand nombre de casiers de taille moyenne, disposés en alvéoles et desservis par des quais. Chaque casier est étanché par des procédés géologiques (couches d'argile) ou géosynthétiques (membranes d'étanchéité). Le fond des casiers est équipé de drains et d'un système de captation des liquides en vue des les diriger vers une station d'épuration sur site ou à proximité.
Les sites, clos et surveillés, ne peuvent être exploités plus de 50 ans. L’exploitant a ensuite l’obligation d’entretenir, surveiller et contrôler l’ISD tant que celle ci peut présenter des risques.
Cette maintenance s’avère longue et couteuse … voire potentiellement incertaine car nul de sait réellement mesurer le temps durant lequel le massif de déchets continuera à produire des gaz et lixiviats.
L'impact sur l'environnement semble donc évident même s’il reste difficile à évaluer.
Conclusion
L’enfouissement comme l’incinération sont extrêmement surveillés et règlementés mais restent des solutions présentant des risques sanitaires et environnementaux.
La seule voie viable consiste donc de réduire nos déchets à la source !
Bonjour ! Merci pour cet article très instructif. Ce serait intéressant de connaitre tes sources. Toutes ces informations proviennent elles de l'ADEME ? Le plus surprenant, pour moi, c'est la proportion de déchets incinérés parce que, dans un documentaire diffusé par Arte sur le plastique, les chiffres (sur les déchets plastiques exclusivement donc si ma mémoire est bonne) étaient vraiment différents : c'était un peu moins de 15% de déchets recyclés, un peu mois de 15% de déchets incinérés et presque tout le reste, càd plus de 60%, enfoui (je crois qu'il y avait aussi un faible pourcentage de déchets exportés). A bientôt !
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