1- Quel est votre historique alimentaire ?
Je suis fille de cuisinier (gastronomie française traditionnelle) et dès le plus jeune âge, mes parents m’ont appris à manger et aimer tout. Il parait même que je raffolais de cervelle étant bébé (quand j’y pense maintenant ça me donne des hauts-le-coeur). Pourtant, j’ai toujours eu un rapport très conflictuel avec la nourriture. Etant très gourmande, j’avais du mal à me contrôler pour ne pas reprendre plusieurs portions de ce que je mangeais, mais à côté de ça, j’ai toujours été obsédée par mon poids. J’ai d’ailleurs eu des troubles alimentaires compulsifs entre 19 et 23 ans environ. A côté de ça, en tant que digne fille de mon père, je dévorais de la viande saignante sans réellement me préoccuper de si c’était bien ou mal.
En octobre 2015, je suis devenue végétarienne. Cela ne s’est pas fait du jour au lendemain, j’ai eu un long processus de diminution de ma consommation de viande pendant environ un an et demi. Depuis janvier 2017, je mange végétalien à 98% du temps. Les 2% restants sont les repas « imposés »: quand je ne suis pas chez moi et que les gens se trompent (« ah oui mais pourtant ce sont des oeufs de poules heureuses tu sais ? Je pensais que ça te ferait plaisir !»), ou que je dois manger au restaurant au travail et qu’il n’y a pas d’option végétalienne possible.
2- Avez-vous eu un déclic ou avez-vous lentement évolué vers le mode de vie végane ?
Si j’ai pris mon temps pour devenir végétarienne, je n’ai en revanche pas vraiment fait de transition douce vers le végétalisme. Pour le véganisme, je ne suis pas encore parfaite. D’ailleurs, je ne pourrais jamais être végane à 100% car j’ai une maladie auto-immune depuis l’âge de 16 ans, qui me contraint à avaler un médicament tous les matins, qui a forcément été testé sur les animaux.
3- Quelle est votre motivation principale ? Souffrance animale, pollution des sols, consommation d'eau, inégalités nord / sud, ou autre ?
La première chose qui m’a motivée à arrêter de consommer des animaux c’est l’aspect écologique. Je suis engagée de ce côté depuis très longtemps. Je fais attention à ma production de déchets, etc. donc le véganisme a fini par s’imposer de lui-même. Evidemment, une fois qu’on prend conscience de toute la souffrance qu’engendre l’exploitation animale, on ne peut que devenir végane. De manière générale, je pense que la convergence des luttes est la clé.
4- Avez-vous amené des personnes de votre entourage à vous suivre dans ce choix ?
Pas vraiment, enfin si peut-être. Mon conjoint consomme moins de viande qu’avant et ma mère est quasiment végétarienne depuis peu. C’est surtout des petites graines que j’essaye de semer en fin de compte. Parfois j’ai l’impression que ça touche quelques personnes. Ce qui est amusant, c’est quand mes collègues viennent me voir tous fiers en me disant qu’ils ont cuisiné un couscous végane, ou qu’ils viennent me demander des conseils pour manger moins de viande. Ca me fait toujours très plaisir car je me dis que c’est une cause qui touche de plus en plus de gens.
5- Parlez-vous beaucoup de votre choix autour de vous ? Aimez-vous en parler ou au contraire est-ce pénible que l'on vous parle sans cesse de ce que vous consommez ?
Sur mon blog et sur mon compte instagram j’en parle très souvent car dans la vie de tous les jours c’est plus compliqué. C’est un peu contradictoire avec ma réponse à la question précédente, mais en fait, je m’aperçois que les gens acceptent mon mode de vie, mais refusent de penser que ça peu être bien pour eux. J’entends toujours le même genre de réflexions : « Ah c’est bien ce que tu fais, mais moi je ne pourrais pas, j’aime trop le fromage » (je vis en Normandie aussi c’est un peu une institution ici les produits animaux).
En revanche, je perds facilement patience quand les mêmes personnes me reposent systématiquement les mêmes questions car ils ne se souviennent plus de ce qu’une personne végane mange… C’est quelque chose de je dois travailler pour arriver à faire passer un message positif… Mais je reste humaine, et parfois c’est compliqué…
6- Avez-vous dû modifier votre vie sociale ? Repas au resto U ou d'entreprise, sorties, fêtes familiales et / ou religieuses ?
Comme je le disais, je n’ai pas encore réussi à imposer réellement mon mode de vie au restaurant au travail et dans ma famille. J’espère que ça viendra un jour.
7- Concernant l'alimentation végétalienne, vous êtes-vous beaucoup documenté sur les apports, les protéines ou cuisinez-vous à l'instinct en écoutant votre corps ?
Je n’ai pas fait très attention à ce que je mangeais, et malheureusement, j’ai accentué une carence que j’avais déjà en étant omnivore, du coup je suis obligée de me supplémenter. J’en m’en veux un peu de ne pas faire attention à mon corps. Maintenant je m’organise pour toujours avoir les apports dont j’ai besoin à chaque repas. Faire attention à son corps ce n’est pas juste réservé aux véganes, tout le monde doit y être sensibilisé.
8- Vous êtes-vous débarrassé des produits d'origine animale que vous possédiez ou les gardez-vous sans les renouveler ? (chaussures, sac à main, etc …)
En janvier 2017, j’ai pris la décision de ne plus acheter d’objets neufs contenant des matières animales. En effet, je suis quelqu’un d’assez engagé pour la cause environnementale, et j’ai du mal à refuser de consommer ce qui existe déjà. Par exemple, je préfère acheter un pull en laine d’occasion qui ne sera pas jeté, plutôt que d’acheter un pull végane neuf. Pour ce qui est du cuir, ça commence à devenir compliqué, j’ai du mal à supporter l’idée que je porte un animal mort sur moi. D’un autre côté, ça me gêne de me dire que ces animaux sont morts pour rien si je les jette à la poubelle. J’ai revendu mes blousons en cuir par exemple, mais je continue à utiliser mes chaussures et mes sacs à main. En choisissant de devenir végane, je ne consomme plus de cosmétiques non véganes et testés sur les animaux.
9- Vous arrive t-il d'avoir envie de quelque chose provenant de l'industrie animale (l'eau à la bouche devant un aliment, un coup de coeur pour un vêtement, etc …? Devez-vous faire appel à votre volonté pour maintenir le cap ou est-ce complètement naturel ?
Après, comme je le disais, je ne suis pas aussi végétalienne que je le souhaiterai, et j’ai parfois (de plus en plus rarement) quelques craquages pour des viennoiseries. Ce qui me rassure, c’est qu’à chaque fois que j’en mange, je me rends compte que ça m’écoeure et que je n’aurais pas dû en manger.
En revanche, les odeurs de viande grillée me donnent la nausée alors qu’auparavant elles me faisaient saliver.
Aussi, cet hiver j’ai eu un gros rhume et j’ai pris un peu de miel raisonné et bio pour me soigner. Ca a été très efficace car je n’en prenais plus depuis très longtemps, mon corps a absorbé tout ses bienfaits.
10-Diriez-vous que vous êtes plus en forme qu'avant d'être végane ?
Je me sens pleine d’énergie (ce qui ne m’a pas aidée à déceler ma carence d’ailleurs !), je digère mieux qu’avant, et moi qui avais des problèmes d’acné hormonale, ils ont quasiment entièrement disparu ! Donc oui je me sens mieux ainsi !
Eva est l'auteur d'un magnifique blog sur le minimalisme, l'écologie et la mode éthique (ICI) Elle y partage ses réflexions, conseils et idées, toujours avec élégance et bonne humeur. Voyant toujours le bon côté des choses, Eva espère donner envie à chacun de faire sa part pour qu'ensemble nous arrivions à construire un monde meilleur.
Et sinon, Eva publie chaque jour de jolies photos sur Instagram, suivez-la !
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merci encore Odile pour cette charmante expérience à laquelle tu m'as permis de participer ! et merci pour tes gentils mots à mon propos <3
RépondreSupprimerJe suis ravie de ton passage ici et te remercie de nous avoir confié un peu de ton histoire !
SupprimerBonsoir, Merci à toutes les deux pour cette belle interview très intéressante que j'ai eu plaisir à lire ;-) (je fais partie des personnes qui aimeraient avoir votre mode de vie mais "aiment trop" la viande et le fromage :-p ) J'ai changé mon alimentation et divers en "propre" Bio mais suis encore très très loin du compte pour un éventuel vrai changement. Un jour à la fois ;-) Bonne soirée ;-)
RépondreSupprimerIl n'y a jamais qu'une seule voie ! Chaque personne peut avancer à sa manière, heureusement :-)
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