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PARCOURS VEGANE : TÜNDE



1- Quel est votre historique alimentaire ?


J’ai un vécu un peu spécial, dans le sens où j’ai été naturellement végane très très petite, dès l’âge de 3 ans. 
J’ai compris très petite que la «viande » était de la chair morte et j’ai été profondément dégoûtée, ainsi que par le poisson (rien que l’odeur me faisait fuir) mais aussi, ce qui est plus surprenant, le beurre, le fromage, les oeufs… En fait je n’étais capable de manger ces produits que quand ils n’en avaient ni l’apparence ni le goût : chocolat chaud, crêpes, glaces… 
Mon dégoût lorsque j'ai compris ce qui constituait la majorité de la nourriture a provoqué chez moi un rejet de la nourriture en général, aggravé par le fait que les adultes me mentaient (non il n’y a pas de viande là-dedans) ; du coup je me méfiais de tout. 
Je vous laisse imaginer le cauchemar pour ma pauvre maman, qui en plus était extrêmement jeune et dans un pays étranger de surcroît, puisqu’on a quitté ma Hongrie natale peu après ma naissance. 
Cette situation était vraiment difficile pour elle car je ne mangeais presque rien ; les adultes avaient beau me faire la guerre, il n’y avait pas moyen, je pouvais rester des heures à table sans avaler un morceau, je ne cédais pas, le dégoût était vraiment trop fort. 
A la cantine, les adultes me mettaient à une table séparée car je dégoûtais aussi les autres enfants (en leur montrant la langue de boeuf et en montrant ma langue, par exemple, en disant que c’était pareil et que c’était vraiment dégueu de manger ça). 
Bref, plein de conséquences au niveau relationnel, avec les adultes, avec les enfants. 
Puis, petit à petit j’ai commencé à faire comme tout le monde. 
Vers 8-9 j’ai commencé à accepter de manger de l'animal du moment que ça avait un goût fade et n’en avait pas l’apparence, comme des nuggets de poulet, des petites saucisses, du poisson pané ou du fromage Kiri  Au cours de ces années, j’ai progressivement ajouté des « produits », mais j’avais déjà 15 ans la première fois que j’ai mangé un vrai steak et il devait être littéralement carbonisé, ça faisait beaucoup rire ma famille, mon « steak » restait une demi-heure sur le feu avant que j’arrive à le manger. J’avais 20 ans la première fois que j’ai mangé du vrai fromage ou de la cuisse de poulet et presque 25 ans pour le "vrai" poisson. 
Par la suite, pendant 10 ans, je mangeais avec plaisir de tout, la dissonance cognitive s’était finalement installée et j’adorais le goût de la viande, du poisson, d’un fromage bien puant, je cuisinais même la viande crue et la touchais sans problème.


2- Avez-vous eu un déclic ou avez-vous évolué lentement vers le mode de vie végane ?

Au final, c’est assez récemment, il y a presque 6 ans, que j’ai eu un déclic. 
Un magasin bio a ouvert en bas de chez moi et j’ai commencé à y faire mes courses. J’ai vu le prix de la "viande » et, choquée par le prix exorbitant, je me suis demandé pourquoi c’était si cher, et au final ce que j’ai découvert, c’est pourquoi la viande bon marché ne l’était pas, avec toutes les horreurs de l’industriel. Dans un premier temps j’ai réduit ma consommation en essayant de me limiter au bio sauf au restaurant. Je suis restée flexitarienne pendant plus d’un an, continuant à me renseigner (en regardant Earthlings (ICI), Melanie Joy (ICI), Cowspiracy (ICI), mais surtout en dialoguant avec des véganes sur les réseaux sociaux) et en me sentant de plus en plus inconfortable dans ma dissonance cognitive, jusqu’à ce que la mort de ma première minette, qui a agonisé pendant 12 jours, mette un point final à ma « flexibilité ». 
A partir de ce jour je n’ai plus été capable de dissocier la « viande » dans mon assiette de l’animal abattu. Personne n’a été surpris car ça faisait un moment que j’abordais ces sujets avec la famille, mes amis, mon chéri. C’est même mon chéri qui a fait mon « coming-out » pour moi, car je n’assumais pas encore et il disait pour moi «elle est végétarienne ». La découverte des livres de cuisine (merci Marie Laforêt (ICI) et Sébastien Kardinal (ICI) m’ont aidée à mettre le pied à l’étrier du véganisme.
Après 6 ans de transition, je n’en reviens toujours pas de toute la richesse, variété et saveur de la gastronomie végane, c’est juste magique.


3- Quelle est votre motivation principale ? souffrance animale, pollution des sols, consommation d'eau, inégalité nord/sud, santé, ou autre ?

Ma motivation principale est ma compassion pour les animaux. Mais je trouve merveilleux que ce qui est bon pour les animaux soit aussi bon pour la planète et notre santé, c’est miraculeux que tout soit cohérent et je trouve vraiment triste qu’il soit si difficile pour tant de personnes d’en prendre conscience.

4- Avez-vous amené des personnes de votre entourage à vous suivre dans ce choix ?

5- Parlez-vous beaucoup de votre choix autour de vous ? Aimez-vous en parler ou au contraire est-ce pénible que l'on vous parle sans cesse de ce que vous consommez ?
Prenez-vous des suppléments ?



4/ et 5/ Forcément, comme la majorité des végés, je communique beaucoup et essentiellement parce que je suis convaincue que les gens ne font pas le choix du carnisme par conviction mais par manque d’information, par imitation, habitude, confort, parce que c’est l’idéologie dominante et qu’elle est difficile à remettre en question. 
Ma maman est flexitarienne, elle cuisine de merveilleux petits plats véganes. Les autres personnes de mon entourage s’ouvrent petit à petit mais le chemin est long. Je communique beaucoup sur mon mur Facebook, je préfère cela qu’aborder le sujet dans la vie réelle, car ça laisse la possibilité aux gens de lire s’ils veulent ou d’ignorer s’ils ne sont pas disposés à réfléchir à ces questions. Bizarrement les gens ne réagissent pas à mes publications mais je reçois beaucoup de messages privés de gens qui me posent des questions sur la nutrition, l’éthique, me demandent des recettes etc. 
J’ai créé un groupe Facebook (ICI) dont le but est de prendre avec humour les moqueries (parfois drôles, parfois agressives) que l’on subit forcément quand on fait ce choix. Le but était d’offrir un espace d’expression aux gens qui prennent ce chemin car souvent on se sent seul et en minorité et c’est très difficile à vivre. Dans la nature, être exclu du groupe signifie la mort et le stress qu’on subit en se désolidarisant des autres à table est très violent. Alors l’humour me semble crucial, pour réagir avec des réparties qui fassent rire et réfléchir, de manière à pas se retrouver exclu et pour montrer qu’on peut être végé et épanouis. 
Il faut surtout pas faire pitié aux gens ou leur donner l’impression qu’on est tristes, frustrés, enragés, même si on ressent forcément ces sentiments quand on se retrouve à manger une salade verte au restaurant pendant que les autres ont un morceau d’animal. C’est très dur de vivre dans cet état de conscience. Du coup j’ai eu envie de ce groupe pour aider les autres à s’assumer, garder le sourire, avec aussi l’espoir que des carnistes viendraient lire les dialogues et que l’humour des réparties leur provoquerait un déclic. J’emmène aussi régulièrement des choses à grignoter (boulettes, fromage de lupin etc.) pour montrer à mon entourage qu’un monde de saveur sans cruauté existe et qu’ils n’en imaginent pas la richesse. Suite à ces dégustations, de nombreuses personnes m’ont demandé des recettes, me demandent de leur faire des fromages, et au final on parle de l’aspect éthique avec une honnêteté surprenante, force est de constater qu’aucune personne ayant goûté à mes petits plats ne m’a sorti l’argument de la souffrance des plantes ou ne m’a dit que « les lions tuent aussi la gazelle », ni aucun des arguments fallacieux habituels des carnistes sur la défensive. 
Quand ils sont rassurés et voient qu’ils peuvent se régaler sans cruauté, les gens sont sincères et honnêtes, ils laissent parler leur compassion et se montrent préoccupés du sort des animaux et de la planète. Je suis convaincue que la majorité des carnistes sont tout aussi capables d’éthique et de compassion que les véganes, ils n’ont juste pas encore eu l’occasion d’y réfléchir depuis un point de vue qui leur permette de se remettre en question.


6- Avez-vous dû modifier votre vie sociale ? repas au resto U ou d'entreprise ? sorties ? fêtes familiales et/religieuses ?

Je n’ai pas du tout modifié ma vie sociale, je n’ai pas eu de souci à ce niveau.


7- Concernant l'alimentation végétalienne, vous êtes-vous beaucoup documenté pour sur apports, les protéines, ou cuisines-vous à l'instinct en écoutant votre corps ?

Je me suis énormément renseignée sur les questions de nutrition. En fait c’est très simple, mais quand je m’intéresse à un sujet, j’ai un côté obsessionnel et très curieux, donc au final je suis presque incollable. Les carnistes n’ont pas intérêt à aller sur le terrain « santé » avec moi :-) 
Je suis en train de prendre des compléments alimentaires, mais je serais en train de les prendre même si j’avais été carniste.

8- Vous êtes-vous débarrassé des produits d'origine animale que vous possédiez ou les gardez-vous sans les renouveler ? (chaussures, sacs à main, etc..)

Je renouvelle au fur-et-à-mesure les pièces en cuir que j’avais, j’aimerais avoir les moyens de tout changer mais ce n’est pas le cas alors j’utilise ce que j’avais avant ma transition mais je n’achète plus de cuir, par exemple, et ça me fait de plus en plus bizarre d’en porter. La puissance de la dissonance cognitive est vraiment incroyable, à chaque fois que je porte du cuir, je me demande comment j’en suis encore capable, même en ayant ouvert les yeux j’arrive encore à dissocier mes chaussures de la peau du pauvre animal. C’est incompréhensible.

9- Vous arrive t-il d'avoir envie de quelque chose provenant de l'industrie animale (l'eau à la bouche devant un aliment, un coup de coeur pour un vêtement, etc ...) ? Devez-vous faire appel à votre volonté pour maintenir le cap ou est-ce complètement naturel ?

Je n’ai jamais envie d’un produit animal quand j’ai une alternative. Mais quand j’ai faim, que tout ce qu’on me sert c’est une salade verte et qu’à côté mon voisin mange un boeuf bourguignon, l’envie peut venir, oui. Une envie mêlée de tristesse, de dégoût, de colère… et l’envie pèse beaucoup moins (et de moins en moins) dans la balance que le reste donc non, ce n’est pas difficile de résister. 
Au niveau des chaussures, de l’habillement ou des produits de beauté, c’est peut-être plus difficile finalement, mais je maintiens le cap sans trop de mal. 


10- Diriez-vous que vous êtes plus en forme qu'avant d'être végane ?

Je ne sens pas de différence au niveau santé par rapport à avant ma transition, juste l’hiver, avant, une toux grasse m’accompagnait pendant des mois et s’est maintenant considérablement amélioré. Sinon rien de particulier. 
Le bénéfice est surtout psychologique, un réel bien-être et une paix intérieure, un regard plus juste sur les choses, je ne me mens plus à moi-même et ça fait vraiment du bien. J’ai la conscience plus tranquille qu’avant alors que j’ai plus conscience de tout ce que je consomme encore de pas éthique, ce qui est paradoxal, mais je pense que ce choix est un chemin, et que l’important n’est pas d’être parfait, mais d’avoir conscience de ce qui est juste.


N'hésitez pas à rejoindre Tünde sur son groupe FB : Perles de carnistes (ICI).  Avec 3500 véganes, il y a de quoi échanger dans la bonne humeur !



Commentaires

  1. Honte à toi et arrête de faire du prosélytisme caché derrière ton blogspot de merde

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  2. Combien de temps peut tenir un vegan sans exhiber ses croyances ? je crois que le record est de 2mn 36s.

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    1. Vous ne tenez pas longtemps vous même sans exhiber vos convictions au vu du nombre de messages que vous avez laissés ici aujourd'hui 😜

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