© René Magritte |
Quelques réflexions à l’issu de ce confinement qui a totalement mis le monde à l’arrêt pour sauver des vies - et quoi de plus évident que de tout tenter pour sauver des vies ?
Le COVID est une maladie qui nous est vite apparue comme effrayante et d’autant plus effrayante qu’elle menace chaque être humain sans distinction de classe sociale ou de fortune, que des enfants comme des personnes en pleine santé ont pu en être victimes et qu’absolument personne ne peut s’en protéger totalement.
C’est dans ce contexte que des mesures rigoureuses ont pu être prises avec une relative unanimité afin de protéger les populations.
Pourtant, hors cette crise, lorsque l’homme entreprend, extrait des ressources, cultive, produit … les dégâts humains sont souvent immenses, et de nombreuses populations se trouvent exposées à des risques sanitaires terribles, mais ces risques sont délimités et compensés par un gain, en un autre lieu.
Autrement dit, le risque est assumé par ceux qui ne s’y exposent pas.
Certains humains jouissent de l’usage d’équipements numériques toujours plus nombreux et ludiques alors que d’autres travaillent dans les mines pour extraire puis raffiner des minerais rares et contracter ainsi cancers et maladies ou mettre au monde des enfants malformés etc …
Certains humains possèdent 10 jeans pendant que d’autres producteurs de coton sont victimes de maladies non pas immédiatement mortelles mais terribles aussi.
Les exemples sont innombrables, chacun aura les siens et je ne vais pas détailler cela ici.
Mais dans tous ces cas d’espèce, l’homme garde la main. Il sait ce qu’il gagne, qui gagne, et les dommages humains sont délimités.
Ce qui est vraiment troublant avec le COVID, c’est son caractère aléatoire car l’homme, cette fois, n’a plus de contrôle sur la situation.
Lorsque la nature décide et menace les humains, l’homme se bat.
Quand l’homme décide et retire des bénéfices de ses comportements, les dommages humains occasionnés ne sont pas pris en compte.
Les moyens mis en oeuvre contre le COVID sont donc réellement un gigantesque bras de fer entre l’orgueil humain et la nature.
Mais encore une fois sauver des vies est évident et cela devrait toujours être une priorité mondiale.
Ce qui m’interpelle pourtant c’est que si nos vies biologiques ont unanimement une valeur inestimable, celle ne nos vies biographiques, c’est à dire de la vie que l’on écrit, vit - ou endure, est l’objet de bien moins de soins.
Met-on le monde en pause un instant pour sauver les femmes qui subissent maltraitances ou viols, pour sauver les enfants des violences, des incestes, du travail illégal, pour sauver les migrants, les esclaves, pour sauver les humains qui alimentent les trafics ?
Pourquoi donner à la vie biologique une valeur à ce point supérieure ? C’est pourtant bien l’esprit qui fait l’homme et celui-ci s’exprime dans l’usage que l’on fait - mais surtout que l’on peut faire - de son existence, et non dans le seul battement organique d’un coeur humain.
Et quel esprit, quelle intelligence peuvent s’exprimer dans la souffrance, la détresse ou la misère absolue ?
Ce qu’il faudrait c’est que chaque homme puisse vivre une vie humaine et pour cela, oui, arrêter le monde ou le ralentir le temps qu’il faudra.
J’espère plus que tout que maintenant que l’on sait que des mesures fortes peuvent être mises en oeuvre rapidement, tout sera fait pour sauver toutes les vies qui doivent l’être encore, sans fuir nos responsabilités une fois le confort de certains retrouvé.