J'OSE ENFIN LE COMPOST D'APPARTEMENT !

Le lombricompostage permet de transformer ses biodéchets in situ (chez soi, dans sa cuisine ! ) en un amendement organique très riche en éléments nutritifs, on évite ainsi d'envoyer à l'incinérateur des déchets biodégradables et l'on obtient le meilleur engrais qui soi pour nos plantes !

Comme vous me connaissez un peu, vous devinez que mon objectif avec le lombricompostage est en premier lieu la réduction de mes déchets. 

Jusqu'en janvier dernier où je me suis réinstallée à Paris, je vivais principalement et depuis plusieurs années à la campagne où le traitement familial des biodéchets était géré très simplement : nous avions un gros tas de déchets végétaux au bout du terrain en bordure de forêt et de nombreux animaux à nourrir. Ainsi ne nous est-il jamais arrivé de mettre à la poubelle la moindre épluchure ou le moindre relief de repas. 

En revenant en ville, je me suis retrouvée avec chaque semaine un plein sac de biodéchets sur les bras, or la place d'un déchet biodégradable n'est jamais à la poubelle. En effet, lorsque ceux-ci sont mis en décharge, ils fermentent et dégagent des éléments polluants (méthane) et quant ils finissent à l'incinérateur, l'eau qu'ils contiennent réduit l'efficacité énergétique du process.

Quand on sait en sus que le compost obtenu est à même de régénérer les sols appauvris grâce aux éléments nutritifs tels l'azote, le zinc, le phosphore et le potassium qu'il contient naturellement, qu'il favorise l'enracinement, la croissance et la germination des végétaux, comment peut-on encore laisser partir un tel trésor en fumée ?

Chaque année, chaque français produit 590 kg de déchets ménagers dont 1/3 serait d'origine végétale et compostable (source ADEME). Dans mon cas, si mes poubelles pèsent peu, elles sont en revanche faites à 95% de biodéchets ; c'est en faisant ce constat que je me suis décidée à agir. 

Après m'être documentée sur quelques sites je suis allée à une conférence de présentation et formation au lombricompostage organisée par Zéro Waste Paris. La séance présentait les intérêts du lombricomposteur, son fonctionnement et les éléments à maîtriser pour bien démarrer. Nous avons pu voir de près les vers, des eisenia foetida, petits, mignons et roses ... 

Je précise que ce type de compostage ne nécessite ni jardin, ni terrasse et que nous vivons dans un appartement de 45 m2 en plein Paris ; voici donc le récit de mes débuts !

Après avoir envisagé de fabriquer moi même un composteur sur mesure avec des éléments récupérés je me suis frileusement décidée pour le City Worms, un modèle garanti "sans fuite", totalement made in France et garanti 10 ans, il est en plastique 100% recyclé et 100% recyclable (c'est execeptionnel car le plastique ne se recycle normalement qu'une fois). 

Lorsque j'ai rationnellement compris que les vers ne fuiraient pas grâce au composteur luxueux qui allait les accueillir mais surtout parce qu'ils n'aimaient ni la lumière, ni le bruit, ni les vibrations, je me suis sentie rassurée et prête à me lancer !

Je vous confie que j'ai autant de frayeur pour les vers que pour les serpents. A la campagne j'ai failli mourir quand, il y a quelques années, ma fille m'a fait la surprise de porter en guise de bijou un beau lombric violet à chaque oreille. J'ai encore frémi lorsqu'à la conférence sur le lombricopostage mon fils a voulu me rassurer en me disant : mais Maman, ce n'est rien ! Quand j'étais petit je mangeais ceux du jardin !

Depuis toujours quand il est question de vers, me viennent ces quatrains de Beaudelaire :

Oui ! telle vous serez, ô la reine des grâces,

Après les derniers sacrements,

Quand vous irez, sous l'herbe et les floraisons grasses,

Moisir parmi les ossements.

Alors, ô ma beauté ! dites à la vermine

Qui vous mangera de baisers,

Que j'ai gardé la forme et l'essence divine 

De mes amours décomposées !

Mais, renseignements pris, l'association d'idées est inopportune : les eisenia foetida sont strictement végétariens et ceci, en toutes circonstances. 

Les lombriciens sont donc de vrais amis, ils représentent la première masse terrestre et il semble, d'après Charles Darwin, qu'aucune espèce animale n'ait joué dans l'histoire du globe un rôle aussi important que le leur. 

Passés ces entrefaits et quelques cauchemars encore, le City Worms est arrivé chez nous, tout beau et assez petit. Cela faisait 8 jours que je collectais nos biodéchets afin d'accueillir dignement nos nouveaux amis. 

Je frissonnais un peu au déballage mais tout s'est révélé soigneusement conditionné et simple à installer.

Les 500 grammes de lombrics étaient isolés dans un plastique étanche au milieu d'un peu de compost déjà réalisé et au premier regard on eut dit un sachet de terre. 

Mon kit comprenait aussi un paquet de "Vita vers Plus", des petits granulés de céréales supposés encourager les vers à manger et réguler l'acidité.

Le montage du composteur était très simple et mon fils de 10 ans s'en est chargé de manière autonome.

Un des éléments essentiels au bon démarrage du lombricompost est l'installation d'une litière suffisante. Elle correspond au lieu de vie des vers et permet qu'ils s'adaptent sereinement à leur nouvelle demeure dans un état d'esprit propice à la conduite de leur lourde tâche à venir.

La litière est tout simplement composée de cartons, papiers, boites d'oeufs ou rouleaux de papier toilette humidifiés et bien essorés.

Après la litière, nous avons installé les vers, fuyant la lumière ils sont restés cachés durant tous les préparatifs et nous ne les avons presque pas aperçus. Nous avons enfin ajouté une petite poignée de "Vita vers plus" en guise de première friandise puis quelques menues épluchures découpées en morceaux. Toutes les sources consultées sont formelles, il faut laisser aux vers le temps de s'installer avant de les nourrir quotidiennement. Au départ ils n'ont besoin que d'une belle litière et de calme.

Pour finir nous avons recouvert l'ensemble d'une petite couverture de fibres de coco légèrement humidifiée.

Les premiers jours j'ai eu du mal à me tenir tellement j'étais impatiente de voir le travail. L'incurable mère juive que je suis ne tient pas sans couver et nourrir abondamment son entourage ... je me suis quelques fois laissée aller à soulever le couvercle afin de surprendre mes petits pensionnaires et m'assurer qu'ils ne manquaient de rien, mais, si vous réussissez à être plus stricte que moi, ne faîtes jamais cela, ce n'est pas recommandé du tout !!

A ce jour, nous ne pouvons donc composter tous nos biodéchets mais cela va venir d'ici quelques semaines. Notre composteur ne dégage aucune odeur, le seul parfum qui nous parvient lorsque je soulève le couvercle est celui de la couverture en fibres de coco.

Voilà pour ce premier article dédié au lombricompostage d'appartement, j'écris rarement de manière aussi décousue et j'espère que vous ne m'en voudrez pas. Il s'agit avant tout d'un partage d'expérience car je suis toute débutante et nombreux d'entre vous en savent certainement davantage.

Je laisse mes lombrics prendre leurs aises chez nous et vous raconte bientôt la suite !

Ressources : 

- Calendrier des formations au lombricompostage dispensées par les bénévoles (et experts) de Zéro Waste Paris : ICI

- Le guide du lombricompostage de la ferme lombricole de Cabriès au format PDF : ICI

- Biodéchets, un site de ressources pour tout savoir sur les déchets organiques et sauver le compost de la poubelle : ICI

- Tutoriel vidéo "bien démarrer en lombricompostage" : ICI

- Plus 2 vers, un site d'entraide pour démarrer facilement avec une carte des donateurs de vers autour de chez vous : ICI.

- Vers la terre, le site marchand d'où vient mon composteur, avec un forum d'entraide et une foire aux questions très claire : ICI.